Un nouveau modèle économique pour une juste rémunération des producteurs
Cette journée fut l’occasion d’évoquer la question du juste prix payé aux producteurs. « Il ne s’agit pas de tomber dans les travers de l’agriculture conventionnelle » a souligné Laurent Teyssendier, élu de la FRAB. La révolution bio veut créer un nouveau modèle économique qui inverse la chaîne des valeurs et la répartition de la valeur ajoutée. « Nous ferons tout pour éviter que la valeur soit captée par l’aval » (à savoir les distributeurs et notamment les grandes surfaces) ont rappelé les intervenants. « Avant, on partait du prix du produit payé par le consommateur dans les rayons du supermarché, a résumé Emmanuel Rabaud et on redescendait jusqu’à l’agriculteur qui prenait ce qu’il restait. »
Les Etats Généraux de l’Alimentation et les récentes déclarations d’Emmanuel Macron offrent une opportunité inédite pour « sortir d’un système infernal qui conduit à la ruine des paysans. C’est la première fois qu’un Président de la République affirme que le prix doit être fixé à partir du coût de production de l’agriculteur. C’est historique. Nous bénéficions d’un « alignement des planètes inespéré » s’enthousiasme Emmanuel Rabaud.
Le bras de fer avec la grande distribution s’annonce donc musclé. Mais, les acteurs de la bio sont confiants. « Tout le monde doit repenser son modèle. » précise Philippe Lassalle-Saint Jean, président d’INTERBIO. Edouard Rousseau, vice-président d’INTERBIO rappelle l’adage : « Fais-toi payer ce que tu vaux, sinon tu vaudras ce qu’on te paie ».
Jean-Pierre Raynaud, vice-président du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine souligne qu’il faudra aussi faire attention à maîtriser les volumes de production pour ne pas casser les prix du marché. « Je ne suis pas sûr que la démarche du citoyen devant sa télévision soit la même que celle du consommateur au moment de passer à la caisse du magasin. »
C'est là tout l'enjeu à venir : savoir comment se structurer, pour organiser la production, fournir en quantité suffisante pour répondre à la demande sans déréguler le marché et établir un schéma de répartition de la valeur et une négociation des prix fondés sur de nouveaux équilibres. « Lors de la déclinaison des Etats Généraux de l'Alimentation en région le 20 octobre dernier, on a mis en avant la notion d'ancrage territorial des filières, et la diversification des débouchés », avance Sabine Brun, directrice adjointe de la DRAAF Nouvelle-Aquitaine. Un bon début.